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Compétences

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Compétences

L’équipe RÉCITS présente non seulement des compétences disciplinaires en SHS (celles de ses membres) mais également des compétences interdisciplinaires, dans le cadre d’une double interdisciplinarité. 

Il est donc nécessaire de définir ce qu’est l’interdisciplinarité telle que nous en traitons ici. L’interdisciplinarité est en effet doublement au cœur des activités des chercheurs de RÉCITS : interdisciplinarité SHS/SPI, mais également interdisciplinarité SHS/SHS. 

Nous définissons ici l’interdisciplinarité comme le fait que, sur un même objet de recherche, les apports et méthodes de différentes disciplines “dialoguent”.  

L’interdisciplinarité se distingue donc de la pluridisciplinarité, laquelle permet de travailler parallèlement, via différentes disciplines qui restent chacune dans leur champ propre, un même objet de recherche. 

L’interdisciplinarité implique en effet que chacune des disciplines est susceptible de se modifier au contact des autres. Il s'agit que cette production de connaissances permette à la fois un enrichissement disciplinaire, mais aussi des transferts entre disciplines (méthodes ; concepts) afin d’accéder à une autre intelligence d’un objet de recherche, née de ces croisements disciplinaires. 

Lorsqu’elle est menée de manière très avancée, l’interdisciplinarité ouvre la possibilité de la transdisciplinarité, laquelle vise à une compréhension élargie d’un objet de recherche, que les visées disciplinaires ne peuvent saisir que partiellement ou de manière discontinue. La transdisciplinarité peut se référer aux disciplines mais ne vise pas à réinscrire de manière disciplinaire les résultats obtenus et peut même conduire à l’émergence d’une nouvelle discipline ; il s’agit d’une autre perspective encore que celle de l’interdisciplinarité que nous pratiquons principalement.

COMPÉTENCES INTERDISCIPLINAIRES

Interdisciplinarité SHS/SPI

Le milieu dans lequel les chercheurs de RÉCITS exercent leur activité est propice à l’interaction avec des chercheurs des disciplines de Sciences pour l’ingénieur. En collaboration avec des chercheurs en SHS des autres Universités de technologie-UT (qui expérimentent le même milieu) et de l’école d’agronomie UniLaSalle, les membres de RÉCITS font partie du GIS UTSH (Technologies et Sciences de l'homme : http://www.utsh.fr/), et contribuent à ce titre au fondement d’une recherche technologique. Son originalité réside dans le fait que les SHS ne viennent pas principalement en surplomb pour expliquer l’innovation, mais co-construisent avec les ingénieurs et technologues les technologies, tout en éclairant le caractère constituant des techniques pour nos sociétés.

L’interdisciplinarité SHS/SPI vise donc également l’action, en intervenant dans les processus d’innovation. Par ailleurs, il s’agit de tirer de ces expérimentations des méthodes pour documenter, conceptualiser et accompagner l’interdisciplinarité. Une Icône PDF charte de bonne conduite de l’interdisciplinarité et un Icône PDF guide pratique pour la déployer ont ainsi été co-produits au sein de FEMTO-ST (projet Soc-Tech).

Pour des exemples de coopération interdisciplinaires SHS/SPI, voir l'onglet "Projets"

Interdisciplinarité SHS/SHS

L’équipe s’est d’emblée constituée comme pluridisciplinaire puis interdisciplinaire, dans un contexte où le nombre d’enseignants-chercheurs en SHS au sein de l’UTBM ou même des UT ne pouvait atteindre la masse critique dans chaque discipline pour envisager des équipes disciplinaires. La contrainte est devenue une chance d’expérimenter un mode de recherche qui s’est révélé riche d’opportunités et fructueux pour les savoirs en SHS eux-mêmes, bien qu’elle comporte des risques pour la carrière des chercheurs qui s’adonnent à cette interdisciplinarité dans un contexte où les modes d’évaluation de la recherche en France sont principalement conçus en silos.

L’interdisciplinarité SHS/SHS se prolonge au-delà de l’équipe au sein du GIS UTSH (Technologies et Sciences de l'homme : http://www.utsh.fr/) et dans le cadre de la MSHE Ledoux (https://www.msh-reseau.fr/msh/maison-des-sciences-de-lhomme-et-de-lenvironnement-besancon), laquelle abrite plusieurs projets interdisciplinaires auxquels prennent part des chercheurs de RÉCITS.

Pour des exemples de coopération interdisciplinaire SHS/SHS, voir l’onglet « Projets ».

Compétences disciplinaires

L’interdisciplinarité de qualité se construit sur la base des compétences disciplinaires fortes. Les chercheurs de RÉCITS participent ainsi à six grands domaines disciplinaires.

Histoire - histoire des Sciences et des techniques - patrimoinE industriel et technique

 

L'axe « histoire - histoire des sciences et des techniques » s'attache à saisir la multiplicité et la complexité des phénomènes technologiques, que ces derniers correspondent à des succès ou à des échecs, tout aussi heuristiquement enrichissants. Toujours en resituant ces phénomènes dans le temps long, il vise à évaluer leurs conséquences - industrialisation, désindustrialisation, colonisation - sur les sociétés contemporaines dans leurs dimensions les plus concrètes au moyen, notamment, de l'approche cliométrique et de la démographie historique, mais également la manière dont les sociétés influencent le développement scientifique et technique. 

Au sein de cet axe est également développée une expertise sur le patrimoine industriel et technique, lequel prend la forme d’objets d’étude qu’il convient d’analyser, qu’ils soient matériels (architecture ; machines ; infrastructures ; objets techniques, etc.) ou immatériels (savoir-faire ; mémoire ; gestes techniques, etc.). Ce patrimoine est l’une de ces traces tangibles de l’industrialisation abordée à travers les processus de patrimonialisation, la reconversion des anciens lieux de l’industrie ou encore les humanités numériques. Dans tous les cas, la réflexion sur ces objets est renouvelée grâce à un souci constant de les confronter aux enjeux contemporains que sont les transitions énergétiques et numériques. Convoquer l’interdisciplinarité dans cette perspective est une invitation au renouvellement épistémologique, à sortir de cadres déjà bien balisés. 

Sociologie

 

Les recherches menées en sociologie portent sur divers champs, avec une implication particulière dans des projets d’innovation technologique, sur des problématiques énergétiques (l’hydrogène en particulier), de mobilité spatiale et de santé. 

La perspective de transition énergétique sous-tend l’essentiel des recherches menées, lesquelles visent à éclairer les jeux d’acteurs passés et présents et à identifier les pratiques et représentations des individus afin de mieux comprendre l’environnement socio-technique dans lequel innovations et projets visant à favoriser la durabilité sont appelés à s’inscrire. 

Outre la production de connaissances à visée sociologique, il s’agit d’accompagner le changement en identifiant les limites et opportunités susceptibles de freiner ou encourager un projet, lesquelles passent par la compréhension d'une diversité d’acteurs, de leurs identités, intérêts, croyances, contraintes, interactions, décisions... L’une des caractéristiques de l’axe Sociologie est l’intervention de ses chercheurs au cœur des projets technologiques interdisciplinaires pour accompagner les trajectoires socio-techniques en train de se faire. 

Les chercheurs en sociologie mobilisent des méthodologies tant qualitatives que quantitatives. Les approches qualitatives inductives (entretiens, observations ethnographiques) sont particulièrement mises en œuvre par les chercheurs car elles permettent de ne pas présupposer le sens et de favoriser une approche démocratique des projets.

 

 économie politique et Management

 

Les travaux en économie et management conduits au sein de l’équipe visent à mettre en exergue la complexité des processus de changement à l’œuvre, et ceci à différentes échelles : au niveau des systèmes qui supportent la création de valeur économique, sociale et environnementale (par des business models soutenables) et qui accompagnent l’innovation technologique ; au niveau des organisations productives ;  ainsi qu’au niveau des institutions et des territoires qui abritent les acteurs qui prennent part à ces changements. Ces processus sont conçus comme le résultat (conscient ou non) de choix passés qui inscrivent les évolutions dans des trajectoires, mais également d’interactions sociales intentionnelles dans la poursuite d’objectifs sociétaux, redéfinis de période en période. 

Les travaux de recherche développés dans ce cadre contribuent donc à alimenter la réflexion sur les défis sociétaux, antérieurs à l’époque contemporaine ou actuels, autour notamment de la transition énergétique et écologique, de la transition numérique et du développement d’une société inclusive et réflexive. Ces travaux font l’hypothèse d’une coévolution et d’une co-construction des systèmes techniques et de la société (y compris des marchés et de ses règles et plus généralement des institutions) qui les accueillent. 

Les méthodes mobilisées sont variées, tant quantitatives que qualitatives. Sur le plan épistémologique, la démarche abductive est privilégiée, reliant induction et déduction. 

 

Philosophie des techniques

 

Les recherches menées en philosophie des techniques s’inscrivent dans la tradition de la “philosophie des milieux techniques” (Beaune), couplée à l’école de Compiègne et la thèse de la technique anthropologiquement constitutive (Lenay, Stiegler). 

Il s'agit de rendre compte de la manière dont la technique transforme nos manières de penser, d’agir, de sentir, étant entendu que ces grandes catégories de l’action humaine sont toujours déjà techniquement instrumentées. Penser en termes de relation entre les techniques et leurs milieux associés (Simondon) conduit à mettre l'accent sur les transformations qu'implique l’introduction de nouvelles techniques, quand bien même celles-ci seraient initialement pensées en termes de simple remplacement de l’existant ou d’automatisation. Réciproquement, ce déplacement du regard de l’objet technique vers la relation à son milieu implique de réfléchir sur les conditions de “socialisation” des techniques, la manière dont elles sont transformées dans un processus tant d’adoption que d’adaptation par les collectifs qui les intègrent.  

Ce travail de description des processus constituants se poursuit à trois niveaux qui comportent de fortes implications mutuelles. Il passe d’abord par des enquêtes de terrain, fondées sur les méthodes des science sociales, sans lesquelles il ne peut y avoir de connaissance de l’ouverture des possibles qui s’opère dans les processus techniques. Les terrains privilégiés sont liés au déploiement de l’informatique en société : intelligence artificielle, réalité virtuelle et jeux vidéo.

A un deuxième niveau, ce travail vise à réviser et affiner les cadres théoriques que nous utilisons pour penser les techniques, en particulier à partir d’une critique des promesses “techno-solutionnistes” (Morozov) formulées en termes d’automatisation. A un troisième niveau, ce travail informe la conception de projets technologiques concrets, dans un travail interdisciplinaire, non seulement entre philosophie et sciences sociales, mais aussi avec les sciences et techniques pour l’ingénieur, à l’instar des projets de développements de capteurs pour les pompiers en intervention ou le design de dispositifs portables en cancérologie.

 

Aménagement de l'espace, territoire

 

L’appréhension des phénomènes socio-économiques et historiques par les chercheurs de l’équipe n’est pas purement théorique ou fictive. Ils les analysent dans leur inscription spatiale et temporelle, laquelle est indissociable des ressources matérielles et immatérielles à disposition, à révéler ou à construire, parmi lesquelles le patrimoine. 

Dans ce cadre, le territoire non réduit à l’espace géographique devient un concept central, comme système complexe et dynamique de relations, construit et reconstruit dans le jeu des acteurs. Ceux-ci génèrent des proximités, tant géographiques, qu’organisationnelles et institutionnelles qui permettent de dessiner des territoires d’actions, selon le domaine considéré. La recherche porte à la fois sur les différentes dynamiques qui traversent le territoire (dont la revitalisation territoriale) et sur l’articulation du local et du distant, dans des formes de “proxistance” à éclairer. 

Cette approche est partagée avec des chercheurs d’autres laboratoires de recherche fédérés au sein de la MSHE Claude Nicolas Ledoux et donne lieu à une coopération interdisciplinaire autour des dynamiques territoriales. Par ailleurs, elle s’inscrit dans une démarche de recherche-action qui consiste à accompagner des dynamiques territoriales dans le Nord Franche-Comté.

 

Conception - design

 

Un objet technique selon les points de vue disciplinaires peut être abordé en fonction de ses caractéristiques techniques, de son architecture mais également en fonction de ses usages, de ses utilisateurs, de son intégration dans son milieu sociotechnique, de son effet constituant sur ce milieu, etc. Il en résulte une pluralité des vues possibles sur cet objet technique, questionnant à la fois les activités de conception, le processus de conception, les acteurs de la conception, mais également les usages de ces objets, leur intégration dans leur milieu, etc. L’axe Conception & Design de l’axe transverse RÉCITS, en adoptant et combinant des points de vue disciplinaires multiples, vise à répondre à ces différents questionnements. Ainsi les combinaisons des approches ergonomiques, ethnographiques, sociologiques et économiques permettent d’enrichir les méthodologies et outils de la conception centrée utilisateur et du design thinking pour développer de nouvelles connaissances sur les milieux sociotechniques, sur les usages des objets techniques ou pour concevoir de nouvelles approches méthodologiques et de nouveaux outils dédiés aux équipes de conception souhaitant mettre l’homme et son milieu au cœur du processus de conception.

 

Dernière modification :
16/03/2021